MARCEL CHRISTIAN BARBEAU, L'ÎLE NUE, 1960
ARTIST
Marcel Christian Barbeau
Description
Techniques/medium
Acrylique sur toile / Acrylic on canvas
Dimensions
139 x 168,3 cm / 54 ¾ x 66 ¼ in
Signatures
signée au dos / signed on verso
Provenances
Carmen Lamanna Gallery, Toronto
Collection particulière / Private collection, Toronto
Bibliographie/Literature
BEAUDRY, Ève-Lyne (dir.). Marcel Barbeau : En mouvement, catalogue d’exposition, Québec, Musée national des beaux-arts du Québec, 2018.
GAGNON, Carolle, et Ninon GAUTHIER. Marcel Barbeau : Le regard en fugue, Montréal, Centre d’étude et de communication sur l’art, 1990.
Vers la fin des années 1950, Marcel Barbeau renoue avec le trait, inspiré par la musique contemporaine et les compositions atonales de Karlheinz Stockhausen entendues lors d’un premier concert donné à Montréal en 1958. De ces œuvres calligraphiques ressort un grand désir d’épuration formelle qui le guidera tout au long de la décennie suivante. Ainsi, en 1960 et 1961, l’essentiel de sa production artistique est marqué par une grande rigueur formelle, des contrastes absolus et quelques rares taches rouges pour déroger à la règle chromatique. La ligne ondule, puis s’épaissit progressivement jusqu’à regagner le statut de plan, de masse et de tache, découpée ou peinte sur des toiles monumentales.
Le magistral tableau L’île nue, issu de cette fournée, offre un exemple probant de ce virage plastique radical dans l’œuvre de Barbeau. La forme s’y dépouille d’une manière sans précédent. Cette période s’impose d’ailleurs comme l’une des plus minimalistes de sa production. « L’extrême simplicité des formes peintes en aplat et la réduction de la palette au noir et au blanc ne donnent pas moins naissance à des œuvres d’une grande puissance esthétique, portées par leur taille gigantesque, qui prend d’assaut le spectateur », souligne Ève-Lyne Beaudry.
Dans L’île nue, on retrouve un certain état de la performativité en peinture, qui se manifeste ici comme un « événement pictural ». Une masse dominante unie aux bordures crénelées remplit toute l’aire picturale et menace de s’épancher à l’infini, captant toute l’attention du regardeur ou de la regardeuse. Cette dimension dramatique caractérise aussi des œuvres telles que Matamoc (1960, 167 x 164 cm, coll. particulière) et Tomac (1960, 204 x 222 cm, coll. du Musée des beaux-arts du Canada), où l’artiste parvient à créer une tension spatiale entre l’aplat et la périphérie, entre l’ascension et la chute. (A. L.)
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In the late 1950s, Marcel Barbeau renewed his interest in the line after being inspired by contemporary music and the atonal compositions of Karlheinz Stockhausen, whom he first heard perform at a concert in Montréal in 1958. What emerges from Barbeau’s calligraphic works is a strong desire for formal refinement that would guide him throughout the next decade. In 1960 and 1961, his most important pieces are marked by tremendous formal rigour, absolute contrasts, and a few rare blotches of red to break this chromatic rule. His line undulates, gradually spreading until it becomes a flat plane, a mass, and a smear that is either cut out or painted on monumentally sized canvases.
L’île nue, a masterful painting from this group, is a convincing example of this radical formal turn in Barbeau’s work, in which shape is unveiled in an unprecedented manner. In fact, this period would go on to become one of the most minimalist of his career. “The extreme simplicity of the flat painted forms and the reduction of his palette to black and white nevertheless gives rise to works with a remarkably powerful aesthetic, sustained by their gigantic size that nearly overwhelms the viewer,” writes Ève-Lyne Beaudry.
In L’île nue there is a certain kind of performativity in the act of painting that is manifested as a “pictorial event.” A dominant, unified mass with serrated edges fills the entire picture plane, threatening to spill over the edges as it completely captures the viewer’s gaze. This dramatic element also characterized some of Barbeau’s other works, such as Matamoc (1960, 167 x 164 cm, private collection) and Tomac (1960, 204 x 222 cm, collection of the National Gallery of Canada), in which he creates spatial tension between the flat planes and the periphery, between rising and falling.