Qui aurait cru que Rancillac allait peindre des fleurs sur le tard ? Personne et surtout pas lui.
Cette nouvelle exposition à la galerie Laurent Strouk n’est pas consacrée aux orchidées bien
qu’elles apparaissent dans toutes les toiles mais aux personnages qu’elles évoquent.
Né en 1931, Bernard Rancillac appartient au noyau dur de la Figuration Narrative créée
par Gérald Gassiot-Talabot en 1965. Ce mouvement fut récemment mis en lumière à Paris
par l’exposition du Grand Palais puis à Valencia par l’IVAM.
Des « Mythologies quotidiennes » qu’il organisa avec Télémaque, Rancillac se fit le héro d’une
nouvelle figuration, attentive à tous les mouvements du siècle, culturels et politiques et
aux nouveaux moyens d’expression : cinéma, photo, sérigraphie, bande dessinée, jazz, etc.
Dans « Enfer-paradis » on trouve réunie la bande des grands fauves historiques qui grillent en
enfer ou s’ennuient dans un ingresque paradis, séparés par une somptueuse orchidée.
Ailleurs les fleurs, choisies pour leurs apparences formelles et colorées sont là pour
définir des personnages qui habitent le peintre, de John Coltrane à Orson Wells, de
William Burroughs aux actrices d’Hollywood.
Un arrondi, une dentelure, les taches, les nervures accentuent le caractère agressif ou
voluptueux de ces hommes ou de ces femmes remarquables.
Fidèle à sa conception de « l’image de l’image » (dixit Pierre Bourdieu), Bernard Rancillac
nous transporte en ce début d’année dans un monde artistique qu’il maîtrise une fois de plus
avec un grand talent.