Avec la parution simultanée d’une monographie sur
« Gérard Schlosser », texte de Bernard Noël, publiée aux
Editions Cercle d’Art
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Gérard Schlosser s’est souvent appliqué à représenter l’homme enfin libéré de ses
aliénations (le travail abrutissant, le stress, les inévitables contraintes de la vie etc..). Grâce a
cette nouvelle série narrative Schlosser parvient à faire résonner en nous un nouvel instant
d’intimité et de sensualité par la représentation du sommeil féminin.
Shlosser a, dès ses premières toiles, fait le choix de la figuration. Il devient très vite le
peintre du choix parcellaire. Les personnages n’apparaissent que par des éléments
corporels : jambe, épaule, nuque, poitrine, main.…Schlosser recrée l’intensité de leur
présence dans l’espace de leur plus grande intimité, où leur corps parle à la fois d’euxmêmes
et d’instants de vie qui peuvent concerner chacun d’entre nous.
Les thèmes sont choisis d’après des photos qu’il prend personnellement. Ensuite il procède
à un photomontage associant par le découpage deux ou trois éléments issus de documents
différents pour recréer une scène de vie. Il peut dès lors peindre sa composition sur une toile
sablée. Il le dit et le répète « je ne suis pas un peintre réaliste », mais il est sans aucun
doute un peintre du réel ou plus exactement du rapport des hommes avec le réel.
Les titres de ses oeuvres viennent confirmer cette idée : Ils évoquent allusivement l’histoire
individuelle de ses personnages. Le titre devient la composante écrite de la peinture, il
prolonge mentalement l’oeuvre et en indique un sens qui permet au spectateur de dépasser
l’image et de s’orienter vers un ailleurs supposé.
Du 9 octobre au 8 novembre 2008 Gérard Schlosser exposera donc à la Galerie Laurent
Strouk une nouvelle série narrative que l’on pourrait intituler « les dormeuses ».
Des femmes de passage se sont endormies sur le canapé de son atelier ou sur celui d’un
collectionneur de Fernand Léger ! On ne sait si elles se sont réfugiées là, épuisées par leurs
soucis ou si elles se sont assoupies entre deux séances de pose. Mais ce qui apparaît
instantanément c’est que Schlosser a, encore une fois, su saisir la poésie et la sensualité
d’un moment intime : le sommeil.
Ce sommeil qui lui offre l’occasion de représenter des visages, chose plutôt exceptionnelle
dans son travail. Il n’abandonne cependant pas complètement ses éléments anatomiques
parcellaires car les figures des dormeuses installent l’atelier dans le tableau et au-delà de
cela des tableaux de Schlosser dans le tableau de Schlosser. Un jeu de reflet qu’il exerce
non sans humour !
Il fait également se refléter dans ses tableaux d’autres artistes qu’il affectionne tout
particulièrement tels que Fernand Léger ou Gilles Aillaud.
Ainsi les sommeils se succèdent mais ne se ressemblent pas, lui permettant de travailler sur
différents jeux de lumière et de couleur, sur la texture des matières, sur le drapé des
couvertures froissées…
Schlosser progresse donc dans sa réinvention de l’image, il joue encore et toujours avec la
réalité, des personnages, du lieu et du tableau lui-même.
Dans toutes ses séries Schlosser nous raconte une histoire. Celle-ci touche profondément
notre sensibilité et notre imagination.