Vernissage le jeudi 25 avril à partir de 18h en présence de l'artiste.
Du 25 avril au 25 mai 2013, la galerie Laurent Strouk, présente les œuvres récentes de Jean Pierre Raynaud.
Tout au long de sa carrière, Jean Pierre Raynaud s’est approprié les signes et les objets qui nous entourent comme base de son vocabulaire pour communiquer de façon très personnelle.
Jean Pierre Raynaud est un artiste français né en 1939. Il est associé, à ses débuts, aux Nouveaux Réalistes. Mais très vite il s’en détachera pour ne pas être apparenté à un mouvement et affirmer la singularité de sa démarche. Construisant, détruisant au bénéfice des œuvres d’art, il nous place face à la réalité, à sa réalité.
Les drapeaux, les pots, la signalisation et même le carrelage tout en gardant leur signification première ne détournent pas l’objet de son sens mais le sens de celui qui l’observe.
Jean Pierre Raynaud travaille par série. C’est une logique qu’il adore : « avoir un seul sujet et le répéter éternellement ».
Le pot a marqué le début de sa carrière artistique. Il est la mémoire de son passé de jardinier mais il est devenu au fil des années, au fil de sa vie, un véritable référent mental. Par ses couleurs, ses dimensions et son emplacement géographique, le pot évolue et se renouvelle sans cesse. Raynaud fait vivre cet emblème, il le fait littéralement voyager « pour retarder son entrée dans l’univers des objets figés que représentent les musées ». Il réalise ainsi de véritables performances artistiques : un pot doré géant, avant de s’établir définitivement au centre Georges Pompidou à Paris, a été exposé au cœur de la Cité Interdite à Pékin et suspendu à l’extrémité d’une grue au dessus du chantier de la Potsdamer Platz à Berlin. Un pot rouge fluo a également été immergé en mer Rouge,…
En 1998 il amorce un travail sur le drapeau. D’abord bleu-blanc-rouge, ses « objets drapeaux » se parent des couleurs de pays du monde entier. Son ambition est de sortir celui-ci de son carcan politique, de le porter au delà des contraintes économiques, historiques et religieuses et, par là, de lui redonner son statut d’objet.
A l’occasion de notre exposition, Raynaud fusionne ces deux objets emblématiques de sa carrière. On retrouve ainsi, entre autres, des objets drapeaux aux couleurs du Cameroun, du Mali, de la Russie, des Etats-Unis, d’Israël, de la Guinée et bien sûr de la France.
Les carreaux de céramique blancs à joint noir rythment également l’œuvre de l’artiste. Ils lui servent d’unité de construction pour ses installations et plus particulièrement pour l’édification de sa propre maison de la Celle Saint Cloud qui sera sa principale œuvre d’art.
Mais Raynaud dépasse l’usage même du carreau en tant que matériau de construction : il le fait apparaître en tant qu’objet, en tant que support d’impression. Sur ce matériau froid et cassant, l’artiste imprime, en 1993, un crâne néolithique, mettant en scène l’esthétique de la violence et notre fin inéluctable.
Dans ce nouvel accrochage, le crâne est associé à la signalétique. La flèche remplace le sens interdit des années 60. Elle symbolise l’affirmation de soi. Elle resitue l’artiste dans le monde, dans le réel. Au bout de la flèche se trouve Raynaud, son empreinte.
Raynaud utilise nos codes collectifs, nos codes identitaires. Mais il ne travaille pas que sur le quotidien : par la série des « actualités », il donne également à l’Histoire un regard nouveau. Il se fait archéologue du futur et mêle dans des boîtes de plexiglas des journaux datés à des gravats, tristes symboles d’évènements déchirants tels la destruction des Twin Towers de New York, la catastrophe nucléaire de Fukushima ou encore les soulèvements qui ensanglantent la Lybie et l’Egypte. Les témoignages de l’homme et de la Terre se trouvent ainsi inextricablement liés et érigés en preuve, en objet de mémoire.
« On n’a pas intérêt à échapper à ce que l’on est », c’est ce que Raynaud nous montre en reprenant ses thèmes majeurs (pot, drapeau, carreau de céramique blanc, signalétique) et en réaffirmant son empreinte artistique.