Les toiles exposées, de grand format, ont été réalisées l’été dernier, dans l’atelier de Sète, ville d’enfance de l’artiste.
Des vues d’atelier, donc, mais reconstituées, réinventées, réincarnées au fil des compositions.
L’effet de réel est grevé d’illusions et de chimères en tous genres. Les divinités d’inspirations gréco-romaines, hippocampes et autres créatures marines, s’imposent à l’imagination comme un réseau touffu de visions simultanées. « Quand je regarde, je ne parviens pas à faire abstraction des détails », souligne le peintre. Simulacres et projections d’ombres plantent le décor où s’intègrent Geneviève, sa femme, son chien, ses chats…, le tout constituant une forme de mythologie personnelle.
Les représentations se succèdent, avec, en toile de fond : la mer.
Le titre de l’exposition « Le théâtre de la mer » évoque bien sûr le lieu éponyme sétois, dédié au spectacle vivant que fréquentait Robert Combas dans sa jeunesse et qui se trouve voisin de son nouvel atelier .
In fine, il aura mis en scène son propre théâtre intérieur. « J’ai joué à un jeu dangereux car en vérité, confie l’artiste, c’est de l’affection que j’ai mis dans ces tableaux ».
Ces « autoportraits en creux » atteignent le point d’orgue avec l’autoportrait au milieu de verdure LE RESSENTI, LE DEDANS ET LE DEHORS.
L’axe végétal est le deuxième point fort de ces oeuvres. Cela contraste avec l’esthétique du flux culturel, citadin, auquel nous avait habitué l’artiste, pour s’épanouir en de foisonnants feuillages, aux combinaisons sans cesse renouvelées, et aux tonalités plus pastel qu’à l’accoutumée. Le végétal constitue le signe sans équivoque d’une poussée vitale, d’une émergence d’être, d’une nécessité intérieure.Ce retour à la nature va de pair avec une certaine introspection, ce qui, vraisemblablement, offre à cette séquence une coloration si particulière.
L’aventure picturale de Robert Combas se poursuit dans la réalisation de mobilier, véritables « sculptures vivantes » présentées ici pour la première fois dans une galerie parisienne.
Ce travail a été amorcé dans les années 90, avec la confection de pièces en bois. Puis, au tournant des années 2000, Robert Combas avec la complicité de Jean-Claude Maillard, (PDG de FIGEAC Aéro) industriel dans l’aéronautique, sont créées des meubles sculptures en métal que l’artiste reprend en main par la peinture : « C’est un matériau difficile à appréhender, c’est quelque chose d’assez froid. C’est par la couleur que je remets de la vie à ces meubles en métal. » Le verdoyant, l’organique, se mue ici en un véritable jeu d’arabesques libres. Robert Combas, dans ses mots, ne semble guère faire de distinction entre les meubles et ses autres créations. A l’entendre, les tapis devraient être accrochés comme des tableaux tandis qu’une table devient une « peinture sur table ». Il y a incontestablement l’idée d’un jeu qui déroute le sérieux pragmatique du concept design. L’artiste s’attribue ces pièces de mobilier (quels qu’ils soient : tapis, table, chaises et fauteuils, lampadaires…), par apports successifs, avec profusion, se défiant de tout systématisme. Chaque pièce est unique.
L’exposition contient aussi une galerie de portraits « combassiens » identifiables immédiatement par le jaillissement des formes, l’usage unique de la couleur, et la stylisation à outrance des figures. Ils métaphorisent, pour ainsi dire, les regardeursdu théâtre de la mer.