La galerie Mark Hachem présente l'exposition " Prisons Contemporaines " de l'artiste Yves Hayat, il explore le concept de l’enfermement, son propos va au-delà de l’incarcération physique car aujourd’hui plus que jamais, le véritable enfermement se trouve hors des murs de prison...
"Yves Hayat a sur notre société un regard particulier. Il en souligne les contradictions, les aberrations et il nous fait entendre le tumulte de ce monde qui ne cesse de changer.
En artiste authentique, intrinsèquement sensible, Yves Hayat nous parle de solitude et d’enfermement. Celui que nous connaissons et pour lequel, si nous ne sommes pas résignés, nous ne pouvons que ressentir de l’aversion. Nous le subissons tout en le bâtissant nous-mêmes, en lui donnant la forme paradoxale d’une hyper communication, d’une hyper-mise en image, voire d’une mise en abyme de notre intimité, dans l’acceptation d’une hyper-sécurité qui ne cesse de donner des coups de canif à l’immaculée conception de l’ivresse et de la pureté.
Cette exposition ne fait que nous révéler une vérité honteuse, celle que le véritable enfermement se trouve plus que jamais hors des murs carcéraux.
Né en Egypte, d’origine libanaise, c’est un homme de l’exil et qui a vécu dans son enfance l’assignation à résidence, qui nous montre qu’il est désormais impossible de garder le silence face à une forme de renoncement moderne, mécanique, d’adhésion à ce qui est, en fait, une surveillance et une soumission volontaire à une répression qui nous semble légitime en ces temps troublés où un terrorisme sanglant voudrait faire la loi. L’enfermement d’aujourd’hui, c’est, sous l’apparence trompeuse d’un bavardage, un réel mutisme sur l’essentiel qui traduit en fait un individualisme forcené, une indifférence tragique à ce qui nous entoure. Redéfinissant les vérités, Yves Hayat nous permet de nous approcher différemment de notre réalité.
Cette proposition incite à une remise en question de nous-même, à une sorte de révolte intérieure pour échapper à la malédiction de notre temps, enfermés dans un étrange programme d’emprisonnement consenti, de carcans acceptés, au cours duquel l’homme cesserait d’être, de penser, s’éloignant ainsi des dernières pages de L’Etranger où Meursault s’ouvre pour la première fois à la tendre indifférence du monde.
Cette indifférence qui met en exergue le fait que notre seule prison est cette immense solitude absurde et cet enfer intérieur mortifère qui caractérisent désormais notre destin."
(François Birembaux 2022)