Bernard Rancillac
4 mars - 17 avril 2010
Né en France en 1931, Bernard Rancillac est dès le début des années 60 un des artistes fondateurs de la figuration narrative.
En 1965 il organise avec le critique d’art Gérald Gassiot-Talabot et Télémaque l’exposition emblématique « Mythologies quotidiennes » au musée d’Art moderne de la ville de Paris.
Cette exposition réunit des artistes qui placent la société contemporaine et ses images au cœur de leurs œuvres tout en se démarquant de la neutralité sociale de l’École de Paris.
Les artistes de la figuration narrative se fixent comme objectif de faire de l’art un outil de transformation sociale.
Les œuvres de Bernard Rancillac témoignent directement ou indirectement de ses préoccupations socio–politiques. Se définissant comme un « animal politique » ayant vécu l’horreur par procuration, il déclare: « Je ne peux détourner les yeux des champs de bataille, des charniers, des villes assiégées, des tribunaux, des salles de réunion, d’opération ou de torture, tous les lieux en ce monde où le monde se fait, effroyablement vite, sans moi, sans nous. »
Influencé formellement par les images des médias de masse, la quadrichromie de la bande dessinée, de l’affiche, des magazines ou du cinéma et par le rythme et les cadences du jazz, Rancillac traduit la cruauté du monde et le drame humain en les dissimulant sous des apparences faussement légères et joyeuses dans l’objectif avoué de « rendre vivable l’invivable ».
À travers ses portraits de stars du show business ou du cinéma hollywoodien, de joueurs de jazz mythiques, ou d’écrivains de la Beat Generation, Rancillac joue sur le sens multiple des images confrontant le particulier à l’universel, l’individu à l’histoire.
L’univers glamour de Rancillac qu’il soit chargé d’érotisme ou de tensions dramatiques traduit la précarité de la vie et l’étrangeté d’un monde à la dérive.
« Le journaliste et le photographe sont plus présents sur l’événement et plus rapide en communication. Mais le peintre a le temps pour lui, le temps de s’enfoncer dans la chair du temps. Cela s’appelle l’histoire ».
-Bernard Rancillac, propos recueillis à Paris en 1991
« L’art de Rancillac se place donc au confluent de l’histoire de l’art et de l’histoire, et il lui sera toujours reconnu le mérite d’avoir, avec opiniâtreté sans compromis, dans le refus du conformisme pictural, voulu dire la vie par l’art et réintroduire l’art dans le vie par les médias les plus accessibles à ceux qui sont les plus démunis devant l’art »
-Bernard Ceysson, Rancillac, extrait du catalogue du Musée d’Art et d’Industrie de Saint-Etienne, 1971.