Júlio Pomar est né à Lisbonne en 1926. À partir de 1963 il partage sa vie entre Paris et sa ville natale. Depuis sa première exposition en 1942 à Lisbonne, Pomar n’a cessé de se renouveler et occupe une place majeure dans l’art portugais.
Pour sa troisième exposition à la Galerie Patrice Trigano, Pomar, au travers de deux séries distinctes, revisite des thèmes obsessionnels récurrents dans son œuvre : le Don Quichotte de Cervantès et les tigres. Ses sujets symboliques sont autant de prétextes à l’acte de peindre, même si les choix iconographiques ne sont pas neutres. Le propos n’est pas illustratif, sa peinture ne raconte pas d’histoires, mais le peintre lui-même.
Dès 1957, Pomar propose sa vision du personnage de Cervantès dans une édition portugaise du Don Quichotte. Exploration qu’il poursuivra dans les années 60 dans un cycle de tableaux, gravures et sculptures annonçant les séries des années 80 autour de thèmes littéraires et mythologiques. Par ailleurs, le tigre occupe une place prépondérante dans le bestiaire de Pomar. La bestialité de cet animal fascine Pomar, métaphore de comportements originels, d’innocence et de force, tout comme le lien que tisse Jorge Luis Borges entre le tigre et l’amour. Marcelin Pleynet dans le
catalogue d’exposition, Pomar Autobiografia, souligne ce rapport : « Dans son œuvre, l’animal occupe trop significativement une place entre
l ‘homme et le mythe, pour qu’on ne retienne pas d’abord ses connotations anthropomorphiques explicitement où implicitement sexuelles. Le tigre n’est-il pas célèbre pour ses mœurs nocturnes ? ». En outre, Pomar parle de son geste pictural comme « griffure » et le tigre pourrait bien faire référence au peintre lui-même, confiné à la « cage » des limites de la toile.
Júlio Pomar traite la question de la peinture avec une distance ironique. Son irrévérence guide son geste qui construit, déconstruit et reconstruit, brouillant les pistes, découpant et recomposant le récit, obscurcissant, superposant, interpénétrant gens et bêtes : « La peinture de Pomar, avec ses audaces, ses hésitation, ses estocades, ses ratures, nous donne à voir le mystère de ses conjonctions. Il s’agit d’arriver à l’achèvement par l’inachèvement… » (Michel Waldberg, Júlio Pomar, Catalogue Raisonné II). Sa peinture est libre, pleine de mouvement et de vie. Elle évoque tour à tour Uccello, Vélasquez, Bacon, Rauschenberg.
Parallèlement à l’exposition de la galerie, des œuvres de Pomar seront exposées au Centre culturel Calouste Gulbenkian à Paris :
JÚLIO POMAR et JOANA VASCONCELOS : À la mode de chez nous, du 9 avril au 12 juin 2009
La Fondation Calouste Gulbenkian a invité Júlio Pomar à s’associer à une artiste de la nouvelle génération et à présenter ensemble leur travail à Paris. L’exposition réunit ainsi des œuvres de Júlio Pomar et de Joana Vasconcelos - deux grands noms de la scène artistique portugaise - proposant deux regards contemporains sur le patrimoine culturel de leur pays.
Informations pratiques :
Centre culturel Calouste Gulbenkian
51, ave d’Iéna 75116 Paris T : 01.53.23.93.93
du lundi au vendredi de 9h00 à 17h30