Lucien Clergue et les poètes
3 novembre - 31 décembre 2011
A l’occasion du festival Photo Saint Germain-des-prés,
« Regards croisés : images et mots à Saint-Germain-des-Prés », du 3 novembre au 31 décembre, la Galerie Patrice Trigano présente une exposition des photos de Lucien Clergue ayant entretenu des rapports avec la poésie et la littérature.
Il s’agit d’une mise en dialogue des photos de Lucien Clergue avec des textes d’écrivains, poètes, ou philosophes, qui l’ont inspiré. L’exposition est ainsi un véritable mariage du texte et de l’image.
Les textes et photographies sélectionnés sont particulièrement issus des ouvrages suivants :
-Corps mémorable. Poème de Paul Eluard, couverture Pablo Picasso, poème liminaire de Jean Cocteau. 12 photographies N&B. (Pierre Seghers éd., Paris 1957).
-Naissance d’Aphrodite. Extraits de poèmes de Federico Garcia Lorca. 27 photographies N&B. (Editec éd. Paris, 1963 ; Brussel and Brussel éd., New York, 1966 ; Battenberg Verlag éd., Stuttgart, 1966).
-Genèse. Extraits d’Amers de Saint John Perse, avec une dédicace du poète. 50 photographies N&B. (Pierre Belfond éd., Paris, 1976)
-Langage des sables. Préface de Roland Barthes. Publication de la thèse de doctorat en photographie (3ème cycle) soutenue à l’Université de Provence. 73 photographies N&B. (Agep éd., Marseille, 1980)
A propos de Lucien Clergue :
Né en 1934 à Arles Lucien Clergue a marqué l’histoire de la photographie du XXe siècle.
En 1961 une exposition au Museum of Modern Art de New York consacre son talent. Depuis des centaines d’expositions à travers le monde ont révélé ses photographies. Ses œuvres figurent dans les plus grands musées.
En 1969, il fonde à Arles avec ses amis, l’écrivain Michel Tournier et le conservateur du Musée Réattu, Jean-Maurice Rouquette, les « Rencontres Internationales de la Photographie ».
Le regard de Lucien Clergue est dès son adolescence aiguisé par les épreuves de la vie. Tel Orphée remontant des enfers, Lucien Clergue a d’abord apprivoisé la mort avant de célébrer la vie. Dès les années 50 il enregistre les stigmates de la guerre présentes dans sa ville natale à travers des clichés de ruines. Les gitans qu’il côtoie et avec lesquels il partage son amour de la musique et les scènes de tauromachie auxquelles il assiste régulièrement nourrissent les mythes issus de son regard poétique et tragique.
Il cherche à travers la photo des correspondances avec l’univers des peintres et des poètes qu’il aime et avec qui il se lie d’amitié. Max Ernst fut le premier acheteur de ses photos de Charognes. En 1955, il crée sa première grande œuvre, « Les Saltimbanques» inspirée par le roman d’Alain Fournier « Le Grand-Meaulnes », par la période rose de Picasso et par la « Grande Parade » de Fernand Léger, dans laquelle des enfants sont mis en scène habillés en arlequins. Les clichés d’Arlequin ont conduit à la notion de poésie photographique par opposition à la photographie documentaire.
C’est dans ce contexte qu’il se lie d’amitié avec Picasso, qui, enthousiasmé par son travail, l’encourage fortement et devient le modèle d’une série de portraits qui deviendront célèbres à travers le monde. Clergue dira : « Poussé par la passion, par les mots de Picasso… je suis devenu photographe ». Picasso introduit Clergue auprès de Jean Cocteau avec lequel il noue une relation d’amitié jusqu’à la mort de ce dernier en 1963. Il devient photographe de plateau sur le film de Cocteau « le Testament d’Orphée » et illustre de ses photos « corps mémorable » un recueil de poèmes de Paul Eluard dont Cocteau écrit la préface et Picasso dessine la couverture.
À partir de 1956 Clergue passe des ténèbres à la lumière, et commence sa série de nus féminins, symboles d’amour et de vie. Après la « Naissance de Vénus » (1965) viennent les « Nus dans la forêt » (1970) et les « Nus dans la ville » (Paris, New York 1975) qu’il envisage comme une trilogie mythologique. Le corps se confond avec le paysage pour devenir partie intégrante d’un même ensemble où les éléments naturels se mêlent à la chair.
Le paysage en tant que berceau du vivant s’exprime aussi à travers ses séries sur les sables et leurs empreintes qui sont pour Clergue les traces d’un langage vivant comparable à l’écriture. En 1980 ses photos de sable sont publiées dans un ouvrage intitulé « Langage des sables » avec une préface de Roland Barthes. À travers les sables et les paysages de Camargue, Clergue rend visible l’invisible et développe son langage plastique aux frontières de l’abstraction.
En 1990 Clergue commence les « Surimpressions », une série de photos qui supperpose sur la même pellicule des prises de vues de nus avec des prises de vues de tableaux classiques qu’il photographie sur les cimaises des musées. Cette série célébrée par l’écrivain Arrabal élève le profane au rang de sacré et fait correspondre ses sujets aux grands mythes de l’humanité. La frontière entre peinture et photographie s’abolit en rendant un ultime hommage à l’Art.
En 2007, il est élu à l’Académie des Beaux-Arts.
Pour toute information complémentaire, merci de contacter la galerie au: 01 46 34 15 01 ou par email : [email protected]