L’artiste revendique : « Matisse l’a fait avec des ciseaux, Pollock avec un bâton, Klein avec un
rouleau, Jean-Pierre Raynaud fait de la peinture avec des pots ».
On connaissait l’œuvre aseptisée de Jean-Pierre Raynaud tournée vers la torture morale, l’angoisse,
la difficulté d’être, l'oeuvre de l'artiste précurseur de la démarche de Damien Hirst. C’est avec des
moyens s’inscrivant dans la pure logique de son œuvre que Raynaud invente une nouvelle façon
d’aborder la peinture. S’agit-il d’un nouveau Raynaud ? D’un Raynaud devenu heureux père de
famille ? La réponse est dans son œuvre, toujours empreinte d’une grande ambiguïté mais aussi
d’une efficacité extrême pour aborder le discours qu’elle poursuit.
Dans le dépliant en forme de manifeste publié à l’occasion de l’exposition, Jean-Pierre Raynaud lève
le voile sur sa méthode créative. Il écrit :
« Chez moi il n’y a pas de style, il n’y a qu’une méthode. La méthode Raynaud, c’est prendre le
risque de se trouver avec moins que moins. Aujourd’hui avec le projet peinture, j’ai l’audace de
penser que je fais quelque chose d’important. Le mot peinture est une œuvre en soi, je le revendique
en tant qu’œuvre.
Ici l’idée de peinture m’apparaît plus forte que la peinture elle-même.
Je passe avant que celle-ci ne devienne de l’art, avant qu’elle ne devienne un chef-d’œuvre. Je
dépasse la peinture ! Pour moi la peinture c’était un fantasme, c’était aussi la noblesse de l’Art. Je
pose la peinture avant la peinture, c’est une fraîcheur du regard que j’ai, je peux oser faire cela...Je
suis innocent ».