Klara Kristalova: Camouflage

Klara Kristalova: Camouflage

76 rue de Turenne Paris, 75003, France Thursday, September 7, 2017–Saturday, October 7, 2017 Opening Reception: Thursday, September 7, 2017, 4 p.m.–9 p.m.


An essential component without being literally represented in it, the landscape occupies Klara Kristalova’s mental and physical universe, without being a theme in and of itself. It is inferred in fragments from the drawings, ceramics and bronzes that populate the dark and mysterious exhibitions she has unveiled in recent years. She prefers evocation, the sensation of the landscape, to its literal representation. Selected from new productions created specially for this exhibition, the pieces first inhabited her immediate surroundings, before being installed in Paris. Her studio is located in the Swedish countryside, in the forest by a lake, North of the Stockholm region. The scenography designed with the expertise of florist Thierry Boutemy is not a faithful reconstitution, but rather an evocation of this pregnant environment that infuses Kristalova’s imagination.

In her new exhibition at Perrotin Paris, one room is dedicated to drawings, the others to the installation of her painted ceramics and bronzes. There we find hybrid characters with female bodies and heads of birds or flowers, out of scale heads, boys with flies’ wings, strange dogs, humans wearing animal masks, or yet shown in full metamorphosis.

Kristalova’s inspiration is not made of concrete and linear narratives, nor extraordinary and surreal facts, but rather it is innervated by a more “normal” presence, a normality that is certainly a bit strange but ultimately quite common, part of a reality that offers a peek into the unbridled unconscious. Her community of characters accompanies her according to a narrative thread on its own. Undoubtedly, they are connected to the ordinary world and touch our unconscious; in a way, they are reassuring.

The landscape where the characters find themselves in Kristalova’s working environment is not exceptional in the eyes of the artist, even though it enchants her visitors. Accustomed to this natural presence, Kristalova takes inspiration from it without copying it. It is a landscape that she admires without idealizing it, from which she draws great inspiration from the marvelous to the strange. The familiarity of this place is the best substrate for her roaming imagination, giving birth to beings with heads of nasturtium, branchy roots, bodies covered with heavy feathers. Boredom is in fact the best vector for the imaginary. The strangeness that sneaks around and escapes the banality of everyday life takes the spectator on a wander through feelings mingling fear and fascination. Nature occupies a very large space, anxious, haunted by its own disappearance, by its exposure to the climate changes that trigger its alteration. This sense of loss is everywhere in her work, infusing forms with a certain melancholy, the desire to embrace this powerful and fragile resource.

The works of Klara Kristalova follow one another, responding from one exhibition to the next. They are nourished by each other, and by this nature that produced them. They are so close to the artist, populating her relationship with the world, day after day; she lives with them. Her studio is filled with their presence. In the landscape, they arise from the moss, the leaves, the earth. This is what she wishes to reconstitute with this exhibition, without resorting to transposition. In Paris, reunited around a bronze dancing figure, they offer a new perspective on the disparate and tender family that emerges from clay under Klara Kristalova’s hands and brushes.

Bénédicte Ramade
July 2017

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Composante essentielle sans y être littéralement représenté, le paysage occupe l’univers mental et physique de Klara Kristalova, sans être un thème en soit. Il se déduit par bribes de ses dessins, de ses céramiques, de ses bronzes qui peuplent les expositions sombres et mystérieuses qu’elle dévoile ces dernières années. Elle préfère l’évocation, la sensation du paysage à sa représentation littérale. Tirées de nouvelles productions réalisées pour l’exposition, les oeuvres ont d’abord habité son entourage immédiat avant de s’installer à Paris. Son atelier se trouve dans la campagne suédoise, dans une forêt près d’un lac, au nord de Stockholm. La scénographie conçue avec l’expertise du fleuriste Thierry Boutemy n’ayant pas pour but d’opérer une reconstitution fidèle mais bien d’évoquer cet environnement prégnant qui infuse l’imaginaire de Kristalova.

Dans cette nouvelle exposition à la galerie Perrotin Paris, une salle est dédiée aux dessins; les autres, aux installations de céramiques peintes et aux bronzes. S’y retrouvent des personnages hybrides à corps féminins et têtes d’oiseaux, des chiens étranges, des humains coiffés de masques animaliers, à moins qu’ils ne soient vus en pleine métamorphose.

L’inspiration de l’artiste n’est pas faite de récits concrets et linéaires, de faits extraordinaires et surréels, il est innervé par une présence plus « normale », d’une normalité certes un peu bizarre mais finalement très commune, faite de ce réel qui recèle une part d’inconscient débridé. Sa communauté de personnages, souvent récurrents d’une exposition à l’autre, l’accompagne suivant un fil narratif qui nous échappe. Assurément, ils sont connectés au monde et touchent notre inconscient ; d’une certaine manière, ils sont rassurants.

Le paysage autour de son atelier, où ces oeuvres trouvent parfois place, n’est pas si exceptionnel aux yeux de l’artiste même s’il constitue un enchantement pour ses visiteurs. Accoutumée à cette présence naturelle, Kristalova s’en inspire sans la copier. C’est un paysage qu’elle admire sans l’idéaliser, dont elle en tire une grande inspiration qui va du merveilleux à l’étrange. L’habitude de ces lieux est le meilleur des substrats pour que son imagination vagabonde, fasse fleurir des êtres à la tête de capucine, aux racines branchues, aux corps recouverts de plumes lourdes. L’ennui est d’ailleurs le meilleur des vecteurs pour l’imaginaire. L’étrange qui se faufile et s’échappe du quotidien, rejoint l’esthétique de Klara Kristalova, avec un même style simple et embarque le spectateur dans des déambulations aux sentiments mêlant effroi et fascination. Chez elle, la nature occupe une très grande place, anxieuse, hantée par sa disparition, par son exposition aux changements climatiques qui entrainent son altération. Ce sentiment de perte est partout dans son travail, infusant les formes d’une certaine mélancolie, le désir d’embrasser cette ressource puissante et fragile.

Les oeuvres se suivent, se répondent d’une exposition à une autre, se nourrissent de cette nature qui les construit. Elles sont si proches de l’artiste, peuplant son rapport au monde, jour après jour, elle vit avec elles. Son atelier est rempli de leur présence. Dans le paysage, ces oeuvres surgissent de la mousse, des feuilles, de la terre. C’est ce que l’artiste cherche à restituer avec cette exposition, sans tomber dans la transposition. À Paris, réunis autour d’une figure dansante en bronze, elles offriront un nouvel aperçu de la famille disparate et tendre qui émerge de l’argile sous les doigts et les pinceaux de Klara Kristalova.

Bénédicte Ramade
Juillet 2017