La Galerie Thaddaeus Ropac est heureuse d’annoncer l’exposition de l’une des sculptures les plus emblématiques du XXème siècle, le Porte-bouteilles de Marcel Duchamp. Il s’agit de l’œuvre la plus importante de l’artiste présentée sur le marché de l’art depuis de nombreuses années.
Articulée autour du Porte-bouteilles de Marcel Duchamp de 1959, date à laquelle l’œuvre est acquise par Robert Rauschenberg pour intégrer sa collection personnelle, l’exposition ouvrira dans la galerie du Marais le 20 octobre prochain et coïncidera avec le 100ème anniversaire du terme readymade utilisé pour la première fois par l’artiste dans une lettre adressée à sa soeur Suzanne en janvier 1916.
Cette œuvre est demeurée dans la collection personnelle de Rauschenberg puis dans celle de la Fondation jusqu’à ce jour. La Fondation Robert Rauschenberg indique que « son conseil d’administration a pris la décision stratégique de vendre cette œuvre afin de créer un fonds de dotation. Le fait d’avoir un portefeuille plus diversifié – composé à la fois de placements financiers et d’œuvres d’art - nous permet de nous concentrer sur notre mission principale, et dans l'année à venir, de lancer des projets de recherche pour notre Catalogue Raisonné - un projet clé pour la fondation. » La Fondation a confié à la Galerie Thaddaeus Ropac le soin de placer le Porte-bouteilles au sein d’une institution publique afin que l’œuvre demeure accessible au public et aux chercheurs.
Considéré comme le premier readymade de Duchamp, le Porte-bouteilles a permis à l’artiste d’amorcer la transition d’un « art rétinien » vers une approche plus conceptuelle de l’art. Comme l'écrivait André Breton en 1938 dans son Dictionnaire abrégé du surréalisme, un readymade est un objet ordinaire promu à la dignité d'un objet d'art par le simple choix de l'artiste. »
La première occurrence du terme readymade remonte à 1916, dans une lettre adressée par l’artiste depuis New York à sa sœur Suzanne restée à Paris dans laquelle il lui demande de récupérer un sèche-bouteilles acheté en 1914 au Grand Bazar de l’Hôtel de Ville et remisé depuis lors dans son studio. L’histoire est connue : Marcel enjoint à sa sœur d’écrire une inscription sur l’objet puis de le signer mais sa requête n’est pas suivie d’effets et l’œuvre demeure au stade du concept.
Après avoir quitté l’Europe pour s’installer aux États-Unis en 1915, Duchamp devient une figure majeure de la scène artistique new-yorkaise, influençant de nombreux collectionneurs, conservateurs et surtout une nouvelle génération d'artistes. Rauschenberg se lie d’amitié avec lui après l’avoir rencontré à la Stable Gallery en 1953. Entre le printemps 1957 et l'automne 1958, Jasper Johns et Rauschenberg visitent le Philadelphia Museum of Art pour voir son exceptionnelle collection Duchamp. Il n’est donc pas surprenant que l'inventeur du readymade voit en eux ses héritiers naturels lorsqu’il déclare au magazine Time six ans plus tard: « L'expressionnisme abstrait n’était absolument pas intellectuel à mon sens. Il est resté sous le joug de la rétine; je ne vois pas de matière grise là-dedans. Jasper Johns, l’un des plus clairvoyants, et Rauschenberg valent beaucoup mieux que cela car en plus de leur facilité à peindre, ils sont intelligents. »
En 1959, les deux artistes participent ensemble à une exposition collective intitulée Art and the Found Object au Time-Life Reception Center de New York. Duchamp décide d'y exposer son Porte-bouteilles et demande à Man Ray s’il peut emprunter la version de 1935-1936 qui se trouve dans la collection du photographe. Celle-ci ayant été perdue, il encourage son ami à en acquérir un autre exemplaire au Grand Bazar de l’Hôtel de Ville et à l’expédier à New York pour l’exposition. L’objet est ensuite acquis par Rauschenberg pour sa propre collection.
Peu après l’avoir acquise, Rauschenberg prête la sculpture au MoMA de New York pour l’exposition séminale The Art of Assemblage (1961), qui voyagea ensuite au Dallas Museum for Contemporary Arts et au San Francisco Museum of Art. Depuis lors, l’œuvre a été montrée dans des institutions aussi importantes que le Ludwig Museum de Cologne, la Menil Collection de Houston, le Reina Sofia Museum de Madrid et le Philadelphia Museum of Art.
Une sélection de travaux de l’artiste ainsi que des documents d’archive liés à ce readymade précurseur accompagneront l’exposition du Porte-bouteilles. Un dessin offert à Rauschenberg par Duchamp après un symposium au MoMA en 1960 sera notamment présenté aux côtés d’une édition de La Boîte Verte (La Mariée mise à nue par ses célibataires, même) (1934) et de La Boîte-en-Valise (1964) incluant des reprographies originales du Porte-bouteilles. Une lettre manuscrite de Rauschenberg décrivant son acquisition ainsi que le dessin technique de l’objet réalisé par un ingénieur sous le contrôle de l’artiste pour la production de répliques en 1964 viendront compléter la compréhension de l’œuvre.
Un catalogue illustré avec des contributions inédites de Cécile Debray, conservateur en charge des collections modernes au Musée national d'art moderne / Centre Pompidou à Paris, et de Paul B. Franklin, spécialiste de Marcel Duchamp et rédacteur en chef de la revue Étant donné Marcel Duchamp, sera publié à l’occasion de l’exposition.
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Galerie Thaddaeus Ropac is pleased to announce an exhibition featuring the most important sculpture by Marcel Duchamp to be on the market for many years. The Porte-bouteilles (Bottle Rack), dated 1959, is considered one of the most influential sculptures from the 20th century.
The exhibition curated around this seminal work will open in the Paris Marais gallery on 20 October 2016, a year which also commemorates the 100th anniversary of the term readymade, that Duchamp first coined in 1916 in a letter to his sister Suzanne.
The exhibition features Marcel Duchamp’s Porte-bouteilles from 1959, the year Robert Rauschenberg bought it for his personal collection – where it remained until it was passed on to the Robert Rauschenberg Foundation. The Robert Rauschenberg Foundation states: “The Board made the strategic decision to sell this work, which will allow us to create an endowment. Having a more diverse portfolio of cash investments and art will allow us to focus on our core legacy. In this coming year we will be launching the research towards our Catalogue Raisonné - a key project for the Foundation.” Galerie Thaddaeus Ropac has been chosen by the Robert Rauschenberg Foundation to place the sculpture in a public institution allowing for ongoing public viewing and scholarship.
The iconic Porte-bouteilles was considered by Duchamp to be his first readymade. For Duchamp, the readymade meant the transition from what he called “retinal art” to an intellectual approach of his practice. As André Breton wrote in 1938 in his Dictionnaire abrégé du surréalisme, a readymade is an “ordinary object promoted to the dignity of an art object by the mere choice of the artist”.
The first time Duchamp used the term readymade was in 1916 in a letter sent from New York to Paris, addressed to his sister Suzanne where he gave instructions to recuperate a bottle dryer he formerly purchased at the Grand Bazar de l’Hôtel de Ville and left in his studio since then. Suzanne was asked to write a specific inscription and sign it, but as history knows, this step was never realized, and the work remained as an idea.
After Duchamp left Europe and moved to New York in 1915, he became a major figure in the city’s art scene, influencing many collectors, curators and especially a new generation of artists. Robert Rauschenberg met Marcel Duchamp in 1953 at the Stable Gallery, the two of them, along with Jasper Johns, became close friends. Sometime between spring 1957 and fall 1958, Johns and Rauschenberg visited the Philadelphia Museum of Art to see its exceptional Duchamp collection. It is therefore not surprising that the inventor of the readymades saw a natural filiation in their works when declaring in Time magazine six years later: “Abstract expressionism was not intellectual at all for me. It is under the yoke of the retinal; I see no grey matter there. Jasper Johns, one of our lights, and Rauschenberg are much more than that; they have intelligence in addition to painting facilities.”
In 1959, Duchamp and Rauschenberg took part in a group exhibition titled Art and the Found Object at the Time-Life Reception Center in New York, for which Duchamp decided to include his Porte-bouteilles. He asked Man Ray if he could borrow the 1935-36 version, which was supposedly kept in the photographer’s collection in Paris. However Man Ray had lost
the object, thus Duchamp encouraged him to buy another one at the Grand Bazar de l’Hôtel de Ville and to ship the object to New York. Rauschenberg then acquired the piece for his own collection.
Soon after purchasing this sculpture, he loaned it to the MoMA in New York for the groundbreaking exhibition The Art of Assemblage (1961), which travelled to the Dallas Museum for Contemporary Arts and to the San Francisco Museum of Art. Since then, this work has been exhibited in important institutions such as the Ludwig Museum in Cologne, the Menil Collection in Houston, the Reina Sofia Museum in Madrid and the Philadelphia Museum of Art.
Together with the Porte-bouteilles the exhibition will show a selection of drawings by Marcel Duchamp as well as other works that relate directly to the object. A drawing offered by the artist to Rauschenberg after a symposium at MoMA in 1960 will be presented. Other loans comprise an edition of The Green Box (The Bride Stripped Bare by Her Bachelors, Even) (1934) and of The Box in a Valise (1964) including original reproductions of the Porte-bouteilles. A hand-written letter by Robert Rauschenberg describing his acquisition and the technical drawing of the object made by an industrial draftsman and supervised by the artist for the production of replicas in 1964 will provide further input to the understanding of the work.
A fully illustrated catalogue of the exhibition will be published with newly commissioned texts by Cecile Debray, curator in charge of modern collections at the Musée national d’art moderne/Centre Pompidou in Paris, and Paul B. Franklin, specialist on Marcel Duchamp and editor in chief of Étant donné Marcel Duchamp.