Kamel Mennour est heureux de présenter l’exposition "The Commodification of Love", sur une proposition de Cloé Perrone.
À l’ère du numérique, alors que nous faisons tous nos achats en un clic depuis chez nous, nous consommons de plus en plus de technologie. La frontière entre le numérique et l’analogique s’est amenuisée à mesure que nous naviguons dans les deux sphères au sein d’un monde qui s’accélère. L’expansion de la vie en réseau, qui coïncide avec le développement de la technologie et du néolibéralisme a ouvert la voie à la standardisation et l’évaluation de toutes nos expériences. Les places de marché en ligne s’attaquent désormais aux sentiments. Sur ces marchés, on n’échange plus seulement des biens, mais aussi de la reconnaissance sociale, de l’attention et des émotions.
Les sentiments et les relations sont devenus interdépendants des objets connectés. Nous communiquons et étendons nos relations à travers ces connexions. Dans un monde où les rencontres fortuites sont devenues rares, comment en faire de nouvelles ? Bien que nous pensions et vivions de façon plus libre, nous ressentons toujours le besoin voire la pression de trouver un partenaire. Quel est le rôle de l’amour ? Comment le définir et le rechercher ?
En admettant que le but reste de trouver l’amour, force est de constater que les outils pour y arriver ont évolué. Alors que notre perception de l’amour est devenue plus pragmatique, nous pouvons désormais en échanger sur un marché régulé, notamment depuis l’apparition des applications de rencontres. Trouver l’amour n’a jamais été chose aisée, mais, alors même qu’il est aujourd’hui plus simple faire des rencontres et de rester connecté, conquérir l’âme soeur demeure difficile. Avoir accès à plus de personnes ne facilite pas cette quête. L’accroissement des possibilités tendrait même à compliquer le choix de la bonne personne. Ce qui nous attire dans cette recherche et sur ces sites de rencontres, c’est le moment magique du « match ».
De nos jours, nous comptons sur l’ordinateur pour jouer les entremetteurs et nous assister en évacuant l’inefficacité du marché de l’émotion, censé procurer de l’amour et du bonheur, sans nécessairement y parvenir. L’idée que les nouvelles technologies puissent créer un système de distribution optimale des sentiments humains conduit à beaucoup de déceptions. La mise en place d’un espace virtuel destiné à produire des rencontres parfaites favorise de nouvelles émotions et réactions auprès des utilisateurs. De plus, gérer leurs profils sur différentes plateformes les force à modifier leur utilisation des outils linguistiques et technologiques. Ils doivent se tenir à jour des évolutions en termes de communication, alors que les langages écrits et oraux s’intervertissent de plus en plus, et se fragmentent.
Le néon de Pakui Hardware Still in the Dark et les oeuvres de Camille Henrot, une série de dessins intitulée Skype Sex et un téléphone Dawg Shaming, abordent la difficulté à recevoir et envoyer les bons messages. Les nouvelles technologies accélèrent les échanges écrits, mais en faussent parfois le sens. Ces oeuvres accentuent la frustration ressentie face aux mauvaises interprétations. Les portraits d’Avery Singer et l’oeuvre Transit Mode Abenteuer d’Anna Uddenberg nous plongent dans ces états mentaux et physiques éreintants dans lesquels nous sommes lorsque nous créons et gérons nos profils.
Catharine Czudej concrétise quant à elle ce sentiment d’étrangeté lorsque nous pénétrons un espace inconnu ; et Lili Reynaud Dewar théorise le moment où l’on tombe amoureux. La solitude et la connaissance de soi sont matérialisées dans les oeuvres d'Antoine Catala (ses vidéos Bedroom, New Feelings et sa table de jeu Insecure Attachment). De son côté, Cécile B. Evan avec A man in progress pointe l’homogénéisation nos expressions. Enfin, la vidéo d’Ingo Niermann et Alexa Karolinski The Army of Love présente de nouvelles façons de donner de l'amour, de le définir et de le distribuer.
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Kamel Mennour is proud to present "The Commodification of Love", a show curated by Cloé Perrone.
In the digital era, when goods are delivered to our doors with a single click, we are increasingly consuming technology. The distinction between analog and digital worlds has become narrower as in both realms people continue to consume in a fast-paced environment. The expansion of life on the web, which coincided with the development of both new technology and neo-liberalism, has made it possible to standardise and rate experiences. Feelings have found space on the digital market, a market that trades not only in goods but also in social recognition, awareness, and emotions.
Feelings and sentimental relationships have started to depend on devices; we communicate and expand these connections through them. In a world where chance encounters are more unlikely, how do we look for new ones? Although we think and live more independently, we still feel the need or pressure to share our lives with a better half. What is the role of love? How do we define it? How do we look for it?
If we accept that the goal is still to find love, we are also aware that the tools for attaining it have evolved. As the romantic perception of love has shifted towards a more pragmatic vision, we are now able to demand and offer love on a regulated market, which is also a result to the creation of dating application systems. Finding love has never been easy, and, even though today it is simpler to meet and stay connected with new people, getting the love we are after is still hard. Access to more people doesn’t shorten the search for love; the increase in possibilities might actually make the selection of the desired person more complicated. The magical moment of matching is what makes the search for love and matching platforms so exciting.
Nowadays, the dating mechanism also rests on the idea that computers rationalise the market by removing inefficiency. The emotion market is supposed to provide love and happiness but doesn’t always achieve this. The idea that new technologies are able to create a perfect delivery system for human desire might set daters up for disappointment. The creation of virtual spaces designed to make for perfect encounters empowers new emotions and reactions. In addition, the complexity of managing different profiles obliges love searchers to modify their technological linguistic skills and tools. They have to keep up with the transformation of communication, as written and verbal exchanges take place at a higher speed and in a more fragmented manner.
Pakui Hardware’s neon sign, Still in the Dark, and Camille Henrot’s Dawg Shaming phone sculpture along with her drawing series Skype Sex address the difficulties of sending and receiving the correct messages. Technology accelerates written exchange and sometimes distorts its meaning; the artworks accentuate the frustration that comes with this misinterpretation. Avery Singer’s portraits and Anna Uddenberg’s Transit Mode-Abenteuer pose remind us of the demanding physical and mental states we encounter while creating and dealing with our profiles. Catharine Czudej actualises the feeling of entering into new unknown spaces; Lili Reynaud Dewar abstracts the moment of falling in love. Solitude and identity awareness are materialised in Antoine Catala’s videos Bedroom, New Feelings and his gaming table, Insecure Attachment, while Cécile B. Evans' A man in progress alludes to the continuous or progressive reinforcement of a particular framework of expression or gesture. Ingo Nierman’s and Alexa Karolinski’s video The Army of Love presents new possibilities of giving love, its new definition and its distribution.