Mathieu Cherkit est résolument un peintre figuratif qui aime planter son chevalet (ou ce qui en fait office) devant le sujet qu’il veut peindre. Il est « sur le motif » et aborde ainsi l’exercice de la peinture par l’un de ses fondamentaux : la perspective centrale dont le procédé a été codifié dès la Renaissance. Le choix de l’emplacement, la désignation du point de vue est l’acte important car il décide de l’agencement du futur tableau. Ce qui va apparaître sur la toile sera la réduction de ce que l’artiste placé à cet endroit, retiendra de la réalité. Libéré du souci de la composition, il peut se concentrer sur la manière spécifique et personnelle selon laquelle il va élaborer le tableau. Il peut à chaque instant vérifier que les volumes, les lumières, les couleurs soient en conformité, mais aussi que les sentiments qu’il éprouve devant le sujet soient suffisamment bien exprimés. Or, il connaît fort bien les coins et les recoins de la maison familiale dans laquelle il vit depuis sa jeunesse. Ce pavillon en pierre meulière des années 1880 avec sa véranda, son escalier, ses chambres où le passé a laissé tant de traces, son jardin et ses arbres devenus centenaires aux frondaisons envahissantes et protectrices, constitue l’étonnant univers pictural de l’artiste. A chaque pas dans cette ruche, Mathieu Cherkit entrevoit une multitude de tableaux possibles, tous nourris du miel de cet inépuisable sentiment de tendresse.
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Mathieu Cherkit is a resolutely figurative painter who enjoys standing his easel (or whatever serves the same purpose) directly before the subject he wants to paint. He is “in nature” and thus takes on the exercise of painting by one of its fundamentals: central perspective, the technique which was codified beginning in the Renaissance. The choice of placement and of point of view is the important act which decides the structure of the future painting. What will appear on the canvas will be the reduction of that which the artist, in this location, retains from reality. Liberated from the concern of composition, he can concentrate on the specific and personal manner in which he will elaborate the work. He can at any moment verify that the volume, light, and colours are in harmony, but also that the sentiments which the subject evoke in him are sufficiently well expressed. Yet, he knows exceedingly well the nooks and cranny of the family home in which he has lived since his youth. This millstone pavilion from the 1880’s, with its veranda, its staircase, its rooms where the past has left so many marks, its garden et its trees over a hundred years old, with their overwhelming and protective foliage, constitute the artist’s astonishing pictorial universe. With every step in this hive of activity, Mathieu Cherkit catches a glipse of a multitude of potential paintings all nourished by the honey of such a boundless feeling of tenderness.
- Jean Brolly