The Color of Light

The Color of Light

37 rue des Mathurins Paris, 75008, France Wednesday, September 11, 2019–Friday, September 20, 2019


Christine Safa and Simon Martin are two recent graduates from the Ecole des Beaux-Arts in Paris. They chose the silent surface of painting to make visible the emotions or impressions felt when faced with certain of our world’s realities.

Christine Safa uses subtle colors, ranging from ochre to blue, embedded into a sometimes smooth, sometimes slightly powdery texture. Her paintings are suffused with the Mediterranean light, regularly experienced during her stays in Beirut, where the artist Etel Adnan originated. Adnan’s deceivingly abstract landscape compositions stimulate Christine’s sensibility.

Concerned about the conflicts that are tearing apart her region, Christine Safa has gradually attempted to insulate herself by embracing the timeless and atmospheric essence of these places, the sun enveloping trees, faces, bodies and rocks. This penetrating light leads the eye from one element to another, whether human or vegetal. An intense blue, metaphor of the sky, quietly frames and immortalizes the moment that merges time and image and whose symbol is the embracing couple surrounded and supported by the intense color.

This is not a disappearance, the bodies emerge from their background, as ancient paintings buried by time or catastrophe are being rediscovered and brought to light in front of eyes other than those of their creators. This fleeting image is identified by history incorporated in the present moment which continues to evolve into a renewed and lasting existence.

Christine Safa’s manner of representing the figures detaching and stepping out of the surface of the painting brings to our memory Albert Camus, whose writings impregnated with this Mediterranean light, describe the bodies entering the sea.

We find again this immersion, ambivalence between presence and absence, surface and depth in Simon Martin’s work. Male and elliptical figures and shapes stand simultaneously in both plausible and uncertain environments. Window frames, interiors, exteriors, the inside and outside seem porous. Plants appear, suggested more than represented, rising along stained, floating walls, where the boundary between sky and architecture is blurred.

The shadows that sometimes accompany these figures bring consistency and solidity, which come in contrast to affirm their volume always threatened to be absorbed by the surface of the canvas. There is a balancing act in these compositions, in their precarious situation and in the model-painter dialogue, leaving no doubt there is a real being hidden behind these compositions.

Christine Safa and Simon Martin are also portrait painters, and often create small works where the surface is entirely occupied by a face or a profile, their own or that of others.

It is clear that many elements connect these two artists. However today and gradually, each one affirms his own individuality through their work which is continually evolving. They combine successfully the opposites sharing both the attraction for monumental and simultaneously small details and by using the light impregnating the surface of their paintings, they bring up to life beings and things.

However, Christine Safa eliminates and abstracts to distance herself from the figures threatened to be dissolved by the deep colors. In Simon Martin’s work, the distance from reality is also present, but it is tempered by a desire to maintain the figures in these deconstructed environments.

These two painters are definitely offering us the promise of a story to follow attentively.

------

Christine Safa et Simon Martin sont deux jeunes artistes issus de l’école des Beaux-Arts de Paris. Ils ont choisi la surface silencieuse de la peinture pour restituer au visible les émotions ou impressions ressenties devant certains états du monde.

Christine Safa use de coloris subtils, tendus entre ocre et bleu, transcris au sein d’une matière tantôt lisse, tantôt légèrement poudreuse. Ses tableaux sont traversés de lumière méditerranéenne, une lumière éprouvée régulièrement lors de ses séjours à Beyrouth, une ville dont est originaire Etel Adnan, artiste dont les compositions paysagères et abstraites stimulent sa sensibilité.

D’abord inquiète des conflits qui bouleversent cette région, Christine Safa s’est progressivement immergée dans ce qui serait une forme atemporelle et atmosphérique de ces lieux, au travers de la trace du soleil sur les arbres, les visages, les corps et les rochers. Ce passage lumineux sur les choses semble être la ligne de liaison qui entraîne le regard d’une figure à l’autre, qu’elle soit humaine ou végétale. Un bleu intense, métaphore du ciel, apparaît parfois comme le cadre serein de cette expérience d’immobilisation de l’instant, un instant fusionnel à l’image de ces représentations de couples enlacés et submergés par la couleur qui leur sert de support.

Cette submersion n’est pas une disparition, les corps restent perceptibles, ils vivent une sorte d’éclipse à la manière de ces peintures antiques enfouies par le temps, ou quelque catastrophe, avant que le hasard ne vienne les redécouvrir en les réactivant sous des yeux et usages différents de ceux qui avaient déterminé leur création. Cet instantané pictural s’identifie à la durée, celle des époques passées fondue dans la seconde présente, qui sitôt évanouie se reconduit dans l’espace incessamment renouvelé de ce qui demeure.

La façon dont Albert Camus, un auteur aux écrits imprégnés de cette Méditerranée solaire, décrit les corps entrant dans la mer se relie chez Christine Safa à la manière dont les figures s’immergent sous et à la surface du tableau.

On retrouve cette immersion, ambivalence entre présence et absence, surface et profondeur, chez Simon Martin. Les figures masculines et elliptiques se tiennent dans des environnements à la fois plausibles et incertains. Ouvertures de fenêtres, intérieurs, extérieurs, l’espace du dedans et du dehors semble poreux. Des plantes apparaissent, suggérées plus que représentées, se dressant le long de murs tachés, flottants, où se brouille la frontière entre le ciel et des architectures liminales. 

Les ombres qui accompagnent parfois ces figures ont une consistance, une solidité, qui viennent par contraste affirmer leur volume toujours menacé d’être absorbé par la surface de la toile. Il y a un entre-deux dans ces compositions, un entre-deux de situation et un entre-deux du modèle et du peintre, car on ne doute pas que ces représentations soient à chaque fois la trace d’un être réel.

Christine Safa et Simon Martin sont d’ailleurs portraitistes, et peignent souvent de petits formats dont la surface est entièrement occupée par un visage de face ou de profil, le leur ou celui d’autres personnes. On l’aura compris, beaucoup d’éléments relient ces deux artistes.

Cependant aujourd’hui et petit à petit, chacun affirme son individualité au sein d’une œuvre à construire et élaborer dans le devenir qui est le sien. Une attention au monumental et au presque rien, conjugaison des contraires, est peut-être leur territoire commun, ceci au sein d’une lumière imprégnant la surface d’une peinture d’où ils font surgir les êtres et les choses.

Cependant chez Christine Safa, une sorte d’abstraction, de très légère distance avec les figures fondues en un coloris qui semble vouloir les dissoudre, semble venir au jour. Chez Simon Martin, la distance avec le réel est également prégnante mais elle se tempère d’une volonté de maintien des figures en ces environnements déconstruits.

Il y a chez ces deux peintres la promesse d’une histoire à suivre attentivement.

Marc Desgrandchamps